Les effets visuels du théâtre au XIX ème siècle ( 1 ère partie) .

Effets de théâtre « Les Trucs »

Un truc est un artifice produisant en scène, à la vue du spectateur, la modification d’un objet, d’un élément ou d’un décor d’une manière insaisissable et souvent merveilleuse. L’ingéniosité, sans cesse en éveil des décorateurs, des machinistes, à partir de maquettes en fils et cartonnages, a permis de réaliser des effets étonnants. Profitant de l’évolution scientifique du XIX ème siècle, le développement des procédés, inventés pour les féeries et les théâtres à grands spectacles, s’est progressivement étendu aux réalisations de l’opéra et du théâtre classique.

On peut parler de procédés mécaniques utilisant la machinerie, mais aussi de l’accompagnement de l’éclairage (gaz ou électricité), des applications de l’optique, de la fusion des connaissances chimiques et physiques, de la pyrotechnie pour installer une véritables science des trucs au théâtre.

Magie de la transparence

Utilisation d’une toile métallique à mailles fines qui représente un décor et ferme toute la largeur de la scène. Éclairée par la rampe et la herse à la face, elle est opaque, si on éclaire progressivement la face arrière de la toile, elle devient transparente et laisse apparaître un second décor.

Pour un effet de miroir, on utilise cette toile métallique dans des ballets où la danseuse voit son reflet (une autre danseuse placée derrière) et la reproduction de ses gestes.

Éclairs

Les effets d’éclairs sont reproduis par des interventions pratiquées directement sur les éléments scéniques en faisant la découpe du dessin de l’éclair dans la toile peinte, embrasée par un rayon lumineux alternatif. On utilise aussi une petite fusée garnie de poudre lumineuse qui produit dans sa rapidité l’effet de l’éclair sur le décor. Les éclairs sont aussi réalisés au moyen d’une longue pipe en fer garnie d’un allumage et de lycodium en poudre que l’on agite de haut en bas pour dessiner l’éclair. Il existe 2 appareils pour produire les éclairs :

Appareil d’Alexandra Lapissida
Appareil de Jules Duboscq.

Appareil de Jules Duboscq

Jeu du changement à vue

Pratique ancienne qui s’effectue sans baisser le rideau, dans la lumière, directement sous les regards du spectateur. Un décor disparaît et laisse place à un autre par le jeu des rideaux et des toiles peintes, des châssis qui avancent ou reculent, se replient ou se déplient sur eux-mêmes, de la montée ou de la descente des fermes et le fonctionnement des périactes … tandis qu’acteurs et danseurs se réfugient au lointain pour laisser s’accomplir les grandes manoeuvres.

Tonnerre

Le bruit du tonnerre peut-être réalisé avec le chariot à roues polygonales rempli de ferrailles qui, en se déplaçant en coulisses, produit le bruit du tonnerre.

Les roulements peuvent être reproduits par la plaque de tôle suspendue que l’on agite brusquement ou lentement et qui propage le bruit.

L’appareil nommé « éclat de foudre », composé alternativement de douves de tonneaux et de plaques de tôles sus^pendues aux cintres, crée quand il est lâché par le haut des heurts sonores dans un effet assourdissant.

Grâce à un coffrage en bois qui va du gril au plancher, en oblique le long des cheminées, on obtient le vacarme du tonnerre.

Nuages

Généralement représentés peints sur le ciel d’une toile de fond ou sur un tulle, pouvant fermer la scène qui, dans sa demi transparence et le jeu des lumières, sert pour des changements à vue.

Il peut y avoir plusieurs rideaux de nuages peints sur tulles et qui, dans leurs mouvements décalés d’envol aux cintres donnent l’illusion d’un ciel changeant,

Grâce à la mise au point d’un des appareils de Jules Duboscq on peut avoir des nuages animés. Sur un disque de verre qui tourne, les nuages sont peints et l’image est projetée sur la toile à travers un objectif.

Vent

Le bruit du vent est reproduit par une machine faite d’un bâti de bois, auquel est suspendu un cylindre sur axe dont les flancs sont découpés comme un engrenage et sur lequel une étoffe de soie est tendue par des boulons pour les réglages.

À l’aide d’une manivelle, on active un mouvement giratoire pour le cylindre qui, par frottement des engrenages contre la soie, crée le sifflement du vent.

La soie est parfois remplacée par des cordes en archal pour donner un vent plus fort, proche de celui d’une tempête.

Étoiles

Pour obtenir un ciel étoilé sur une toile peinte, on établit dans la peinture des semis de réserves dans lesquelles on place des cristaux de verre à facettes de différentes tailles, éclairés par l’arrière suivant un mouvement pour donner le scintillement.

Soleil

Pour renforcer l’effet du soleil dans les peintures des toiles de fond, on utilise derrière une réserve transparente dans la toile, un globe de verre jaune avec une lampe à l’intérieur; Un effet plus réaliste est produit par un appareil mobile sur pied avec une tige équipée d’un foyer de lumière oxhydrique, d’un réflecteur et d’un cône entonnoir horizontal en métal brillant. Le cône éclairé projette une image avec un centre très lumineux et un rayonnement. La mobilité de l’appareil permet de faire se lever ou se coucher le soleil.

Dès 1849, Jules Duboscq met au point une lanterne pour créer le premier lever de soleil électrique à l’Opéra.

Lune

L’effet de lune est produit par une boite suspendue à un fil vertical. Cette boîte, placée derrière un rideau de tulle peint en bleu foncé, est équipée d’une lampe, d’un écran jaune et d’un diaphragme qui fait varier la grosseur et la forme de la lune et, à l’aide d’un fil, la lune monte ou descend.

À suivre dans la seconde partie les effets de :
Neige, d’Arc-en ciel, de Miroir, de Feu & Incendies et pleins d’autres …